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Crampons et autres fantaisies hippiques - 25

Publié le par Skorpan

Vous avez de la chance, je ne suis pas d'humeur sadique ce soir! XD Sinon j'aurais coupé cette suite en deux! Niark!

Bonne lecture! =D







     Mikaël ramenait tranquillement Mousse dans son box après une petite demi-heure de marcheur. Elle ne boitait plus et semblait plutôt en forme. Elle pourrait peut-être faire une ou deux épreuves le week-end prochain selon ce que donnerait la séance montée du lendemain. Après quelques caresses, il quitta son box et il fit à peine deux pas dehors qu'il fut abordé par un Gabriel assez tendu.

-Salut Micky! Est-ce que t'as vu Spunk au paddock ce matin?
-Le grand gris pommelé qui est arrivé y'a pas longtemps?
-Ouais, c'est ça. Tu l'as vu? C'était qui dessus?
-J'ai un peu regardé, vers la fin. Je sais pas qui était dessus parce que moi quand j'y étais, c'était Ed qui le longeait.
-Il le longeait? fit Gabriel, apparemment de plus en plus anxieux. Mon dieu, mon dieu. Il m'a dit qu'il allait le faire monter aujourd'hui, mais s'il le longeait, ça veut dire que ça s'est mal passé. Je devais venir voir, mais je devais absolument sortir Jaylen sur un peu de cross.
-Il a peut-être changé d'avis en cours de route, nan? Tu sais, Ed est un peu lunatique, des fois il dit une chose et en fait une autre.
-Ouais, sauf que là, j'ai entendu dire qu'une fille était plutôt mal tombée ce matin en montant un nouveau, mais j'ai pas réussi à savoir qui.
-Ah...
-Et Ed m'a dit hier qu'il voulait que je monte Spunk ce week-end sur l'épreuve de 1m10. Il m'a déjà inscrit et tout, alors que j'ai jamais foutu mon cul sur ce cheval! J'en peux plus! Je veux pas monter sur ce taré! Paraît qu'il te jette à la moindre erreur!
-Merde...

Gabriel passait sa main frénétiquement dans ses cheveux comme pour se calmer, tout en faisant les cent pas, et Mikaël ne savait quoi dire pour le détendre. Les décisions de leur coach quant aux couples à former, aux chevaux à sortir et aux concours à faire n'avaient jamais été des plus rationnelles, mais depuis quelques mois, cela empirait. Il mettait énormément de pression sur ses deux meilleurs cavaliers, en l'occurrence Gabriel Doscientos et Mikaël Blowsworth. Si Mikaël avait pu décompresser au début de la saison en partant en Allemagne, ce n'était pas le cas de Gabriel, qui avait alors hérité de la plupart des attentes et des exigences du coach. Il commençait à être à bout moralement, et l'idée de monter un cheval qu'il ne connaissait pas pour un concours important semblait le détruire plus que de raison. Mikaël, attristé de voir ce cavalier qu'il estimait beaucoup dans une telle situation, finit par prendre une décision risquée.

-Ecoute Gabriel, je vais aller parler avec Ed, et il va te retirer de l'épreuve, d'accord?
-Arrête, tu le connais, il voudra jamais! Il veut absolument sortir ce malade mental en concours parce qu'il trouve qu'il saute bien, et qu'il est déjà sorti avec d'autres clubs. Tu parles! Il a jamais rien gagné à cause de son foutu caractère! s'énerva-t-il.
-Je te dis que j'en fais mon affaire, ok? Considère que tu ne le montes plus, moi je vais voir le coach.

Gabriel, après quelques hésitations, acquiesça, vaincu par la confiance apparente de Mikaël. Cependant, alors qu'ils allaient se quitter pour chacun vaquer à leurs occupations, un doute le prit.

-Eh Micky! l'interpella-t-il. Comment tu comptes convaincre le coach?
-Secret! fit-il en posant son index sur sa bouche.
-Attends, me dis pas que tu comptes le monter à ma place?

Gabriel lui avait attrapé le bras, énervé mais surtout inquiet de ce qui pouvait lui arriver en montant un étalon tel que Spunk. Malgré son stress, il ne voulait pas non plus se décharger de ses responsabilités et être indirectement responsable d'un accident.

-Secret, je te dis, fit-il avec un sourire tout en essayant de se dégager.

Mais la poigne de Gabriel était trop forte, et il aurait eu à répondre si la petite Anna n'était apparue à ce moment là.

-Micky! cria-t-elle du bout de l'allée. Y'a quelqu'un au téléphone pour toi! Faut que t'ailles au club-house tout de suite!
-D'accord, j'arrive!

Il adressa un sourire d'excuse à son collègue, qui se trouva dans l'obligation de le lâcher. Puis il rejoignit au pas de course la grande salle située à l'entrée du club hippique. Il salua les quelques personnes présentes, reprit un peu son souffle puis attrapa le téléphone posé sur le bar.

-Mikaël Blowsworth à l'appareil.
-Ah! Enfin j'ai réussi à te joindre!
-Peter? Mais... Mais pourquoi t'appelles ici? C'est pas...
-J'ai appelé sur ton portable plusieurs fois, mais tu répondais pas, le coupa-t-il. Je t'ai laissé un message, j'espère que t'es libre ce soir?
-Euh oui, pourquoi?
-Super! Ecoute ta messagerie et tu comprendras. Bon je te laisse, je crois deviner que t'es pas seul, donc je sais pas si c'est une bonne idée de continuer la conversation comme ça.
-Ouais, t'as raison. Je te rappelle tout à l'heure. J'ai encore des choses à faire, répondit-il, soulagé que la conversation se finisse aussi rapidement, mais aussi intrigué par le message dont il avait parlé. A plus!

Il raccrocha sans plus de cérémonie et récupéra son portable qu'il avait laissé à charger dans un coin de la salle. Il l'alluma et alors qu'il allait sortir pour avoir un peu de tranquillité, il tomba sur son coach, qui sortait du bureau.

-Ah! Coach, faut que je te parle! On peut sortir s'il te plaît?
-Je t'écoute, fit-il en le suivant à l'extérieur.
-Ok, alors voilà: j'ai parlé avec Gabriel, et je pense que c'est mieux si c'est moi qui monte Spunk ce week-end.

Surpris de l'initiative de son cavalier, il ne répondit pas tout de suite, puis protesta.

-Mais tu ne l'as jamais monté.
-Gabriel non plus. Et d'après ce qu'il m'a dit et ce que j'ai vu ce matin, ce cheval a pas l'air super bien dans sa tête. Moi ça ne me gêne pas, j'ai l'habitude de monter des chevaux tarés, et j'aime bien ça. Mais je crois pas que Gabriel arrivera à gérer ça. Il n'aime pas monter sur des chevaux qu'il ne connaît pas depuis qu'il a eu son accident. Alors si en plus ce cheval est complètement con.
-Mais il l'a surmonté, son accident! Regarde: il n'est plus du tout crispé quand il monte, il a retrouvé son niveau d'avant, et même plus, argumenta Ed, peu enclin à changer ses plans.
-Parce que ce sont des chevaux qu'il connaît! Putain coach! Il s'est fêlé deux vertèbres à cause d'un cheval qui avait un grain! Tu peux quand même comprendre qu'il ne veuille pas monter un cheval du même genre?
-Peut-être, mais il est le seul ayant un niveau suffisant pour maîtriser Spunk. Les autres se laisseront trop faire. Gabriel a la main suffisamment dure pour se faire obéir par lui dès la première fois.
-Arrête, j'ai le niveau aussi! explosa Mikaël, énervé par l'inflexible bêtise de son coach.
-Sauf que toi t'es déjà engagé sur toutes les épreuves que tu peux faire avec le maximum de chevaux.
-Dans ce cas, tu m'en retires un et je sors Spunk. Et si tu tiens tant que ça à ce que Gabriel fasse le plus de tours possibles, t'as qu'à lui donner Sunset! Je le lui laisse!
-Mikaël, ne m'oblige pas à faire quelque chose que tu n'aimerais pas, le menaça-t-il.
-Très drôle coach. Les menaces, ça ne marche pas avec moi, surtout que nous savons tous les deux très bien que tu n'as aucun moyen de pression. Sur ce, je dois y aller, j'ai des choses à faire. Mais n'oublie pas: si tu laisses Gabriel inscrit sur Spunk, je ne monte pas ce week-end.

Mikaël était rentré dans le jeu d'intimidations de son coach. Tout comme lui, ses paroles ressemblaient plus à des coups d'épée dans l'air qu'à de réelles menaces, car il ne pouvait pas se permettre de ne pas participer au concours du week-end. Mais il comptait sur la couardise d'Ed pour qu'elles aient quand même l'effet escompté: jamais il ne prendrait le risque, aussi infime soit-il, que son meilleur cavalier se retire d'une épreuve, ou pire d'un concours.

Le temps d'arriver à sa chambre pour y déposer son téléphone, il avait eu le temps d'écouter le message de Peter et un sourire joyeux s'était dessiné sur ses lèvres. Il en oublia même son altercation avec Ed. Seul l'embêtait le travail qui lui restait à faire. Il était sept heures et demi bien sonnés et il voulait partir au plus vite, mais il ne pouvait négliger ses obligations. Par chance, la solution à son problème se présenta d'elle-même à la porte de sa chambre.

-Oui entrez! ... Ah My, ça va? dit-il par habitude.
-Ouais, je t'ai appelé quand tu montais les escaliers mais tu m'as pas entendue. Y'a la nouvelle prof qui se demande pourquoi t'es pas en train de sortir Kalam.
-Raaah! Elle m'énerve celle-là à toujours être sur notre dos alors qu'on connaît mieux le club qu'elle! Dis, tu me ferais une faveur?
-Tu veux que je sorte Kalam, c'est ça?
-Et que tu nourrisses les chevaux, s'il te plaît.

Mikaël prit un air de chien battu, une moue suppliante aux lèvres et les yeux brillants. My rigola devant la mise en scène, mais n'accepta pas pour autant.

-Et pourquoi je ferais ça?
-Parce que je suis ton meilleur ami et que je sors ce soir!

Le sourire était si sincère et heureux que la raison en parut évidente.

-Peter?

Il fit un léger hochement de tête, et son sourire s'élargit encore un peu plus.

-Bon d'accord pour cette fois, mais n'abuse pas trop, hein?
-Oui, oui, bon je dois me préparer. Alors, jeans et T-shirt, ça devrait aller, dit-il en sortant des vêtements propres de l'armoire. Et puis boxer, chaussettes, et à la douche.

My, avec amusement, le regarda faire, puis se décida à sortir. Au moment où elle allait refermer la porte, elle lui rappela ce que la directrice du club avait annoncé le matin même.

-Au fait Mikaël, l'eau est coupée dans tout le club jusqu'à neuf heures. Ils doivent changer je ne sais quoi.
-Quoi? hurla-t-il en sortant à moitié défroqué de sa minuscule salle de bains.

My sourit, goguenarde, et lui fit un petit clin d'œil.

-Bon, je te laisse, Dom Juan. J'espère qu'il va apprécier ton nouveau parfum le Peter!



     Lorsque l'on sonna à la porte d'entrée, Peter se dit que lui donner un double des clefs ne serait peut-être pas superflu.

-Salut! fit-il tout sourire en ouvrant la porte.
-Salut, répondit Mikaël, un peu préoccupé. Euh... Je suis désolé pour la tenue, mais j'ai pas pu me doucher au club.

Le blond, qui se tenait encore sur le pas de la porte, remarqua alors que son petit ami ne payait pas de mine. Ou plus exactement, il avait une tenue assez folklorique. Les cheveux en bataille, quelques petits brins de paille étaient restés accrochés aux mèches. Le visage était à peu près propre, mais une longue trace de graisse venait décorer son cou, ainsi que son large T-shirt blanc, à l'effigie d'une quelconque marque. Son pantalon d'équitation noir, qui moulait parfaitement ses jambes, laissait quant à lui voir toute la poussière et tous les poils qui avaient eu la bonne idée de s'y aventurer. De vieilles baskets un peu trouées complétaient le tout.

-Je vois ça. Vas-y, entre. Tu sais où est la douche, prends une serviette propre dans le placard et fais comme chez toi. Moi je vais préparer le dîner.
-Merci, souffla Mikaël avant d'aller s'enfermer dans la salle de bains, une serviette à la main.

Pendant ce temps, Peter observa sans les voir ses courses, à la recherche d'une idée pour le repas. Il avait acheté quelques tomates, un poivron rouge et un jaune, et quelques tranches de jambon sec. Il n'avait pas vraiment fait attention lorsqu'il avait été au magasin, anticipant un peu trop sur la suite de la soirée. Mais maintenant qu'il était devant le fait accompli, il se rendait compte qu'il n'y avait pas assez à manger. En désespoir de cause, il ouvrit tous les placards un par un et finit par découvrir un paquet de tagliatelles et quelques boîtes de conserve, dont du maïs. C'était décidé: ce soir, ce serait salade de pâtes!

Tandis que les pâtes cuisaient à feu moyen sur le gaz, Peter préparait les légumes. Il avait déjà mis les tomates en petits quartiers, lavé les poivrons et étaient en train de les couper lorsqu'une tranche de poivron jaune disparut sous ses yeux.

-C'est quoi ce truc? demanda Mikaël, qui venait de sortir de la salle de bains, les cheveux encore trempés par la douche.

Il tenait devant ses yeux la tranche de poivron jaune et l'observait avec circonspection.

-C'est du poivron, répondit Peter en reprenant la tranche.
-Mais c'est jaune! protesta-t-il en prenant une autre tranche que celle que Peter avait dans la main.
-Et alors?
-Bah je croyais que c'était rouge le poivron, moi.

Peter ouvrit grand les yeux devant cet aveu d'ignorance, puis sourit avec bienveillance: ces quelques mots révélaient à quel point leurs vies avaient été différentes jusqu'à ce jour.

-Eh non, il y en a du rouge, du jaune, du orange, et du vert aussi je crois. T'en as jamais mangé avant?
-Hum... réfléchit-il. A la maison, c'était que des légumes en conserve ou presque. Chez My, on n'en mangeait pas parce que son père n'aimait pas ça. Quand j'ai vécu tout seul, j'étais pas très doué pour la bouffe, alors je ne prenais que ce que je connaissais au supermarché. Et puis au club, c'est pas un restaurant quatre étoiles, alors voilà.
-Tiens, tu veux goûter et comparer? demanda-t-il en lui tendant une tranche de poivron rouge.

Mikaël la prit, mordit dedans, mâcha un instant puis fit de même avec la tranche de poivron jaune.

-C'est quasiment le même goût, non?
-Ouais, mais ça fait joli d'avoir plusieurs couleurs?

Les deux hommes se regardèrent puis éclatèrent de rire. Quelques minutes plus tard, le dîner était prêt et ils passèrent à table. Ils mangèrent tranquillement, à discuter de choses et d'autres, et à rire de trivialités. L'un et l'autre ne pensaient à rien sinon à l'instant présent et ils en savouraient la délicieuse saveur sucrée, qui n'était pas sans rappeler les sorbets framboise-citron qui faisaient office de dessert. Une fois les assiettes léchées jusqu'au point qu'elles semblaient propres, ils débarrassèrent et firent la vaisselle: Mikaël, n'ayant pas peur de se salir les mains, à la plonge, et Peter à l'essuyage. Puis, fatigué, Mikaël alla s'installer sur le canapé, et ferma les yeux, tandis que son compagnon rangeait assiettes, saladier et couverts. Ce dernier arriva ensuite derrière son amant, passa des mains caressantes sur ses épaules, et les croisa au milieu de son torse. Il déposa un baiser amoureux sur sa joue et sur son cou, avant de s'attarder un instant à observer son visage aux traits tendus, même s'il semblait dormir, à se reposer ainsi les yeux fermés.

-Est-ce que ça va Mikaël?
-Mmmh... Pourquoi?
-Tu m'avais l'air un peu stressé en arrivant. Et là t'as l'air complètement crevé. Mais plus crevé moralement que physiquement.
-... Tu sais analyser les gens, fit-il avec un sourire tout en ouvrant les yeux. C'est rien de bien grave. Juste le coach qui demande beaucoup trop de Gabriel. Il veut lui faire monter un cheval taré alors que Gabriel a eu un accident grave à cause d'un cheval comme ça. Et que depuis il refuse de monter sur ce genre de chevaux. Bref, le coach lui met trop de pression, sur lui et aussi sur ses autres cavaliers en général. Mais j'ai pas trop envie d'en parler, conclut-il en se frottant les paupières comme pour se réveiller.

Peter accepta et respecta ce désir de silence de Mikaël. Il l'avait déjà brusqué une fois pour parler, il n'allait pas recommencer au risque de détruire la relation qui se construisait entre eux. Il y tenait trop. Il attendrait le plus patiemment possible qu'il se confie à lui comme un amant se confierait à celui qu'il aime: sans complexe et sans pudeur, juste avec confiance.

-Dis, ça te dirait une partie de Trivial Pursuit? demanda soudain Peter, se disant que le jeu reléguerait au fond de son esprit les soucis de son compagnon.
-Why not? T'as de quoi jouer ici?
-Ouais, ouais, t'inquiète pas!

L'inspecteur afficha un grand sourire tout en sortant la boîte violette d'un placard: il avait toujours été doué pour ce jeu là et avait pas mal de culture générale. Il était rare qu'il ne finisse pas premier.

Ils poussèrent la table basse de devant la télé et s'installèrent sur le tapis beige, un peu années 70, qui se trouvait au pied du canapé.

-Alors? Quel camembert Mikaël?
-Euh... Passe moi le bleu là.
-Ok, je prends le rouge.

Ils installèrent les deux camemberts au centre de la planche de jeu, et commencèrent à lancer les dés. Les questions défilèrent et Mikaël semblait en difficulté face à Peter: un seul quartier contre quatre.

-Alors Mikaël! Tu joues pour un camembert, annonça Peter d'un ton solennel si exagéré que le plus jeune éclata de rire. Es-tu bien concentré? As-tu bien rassemblé tous tes neurones?
-Oui, oui, monsieur l'inspecteur, allez, poursuivez l'interrogatoire! Quelle est la question?
-Catégorie "Arts et littérature", une facile en plus, quelle est la souris la plus célèbre des Etats-Unis?
-Je sais! s'écria-t-il. Mickey Mouse!
-Correct! Et un camembert de plus pour toi.
-Eh eh, je te rattrape, fais gaffe que je ne vienne pas te botter le cul, rigola-t-il tout en tirant les dés. Alors, pouf, pouf, pouf, je suis là. Encore arts et littérature, j'ai pas de chance, j'aime pas ça.
-Alors, voyons voir, une difficile cette fois-ci! Dans les années 1990, quel auteur américain a été récompensé du prix Nobel de Littérature? Petit a, Toni Morrison. Petit b, Joseph Brodsky.
-Biiiiiiiip! Je donne ma langue au chat, je ne sais pas.
-Tu ne veux pas savoir les autres propositions?
-Non, puisque j'en ai aucune idée, et que juste là maintenant, ça me fait chier de deviner. Bon, à toi de jouer, allez hop, je tire pour toi, annonça-t-il en prenant le dé et en le lançant.

Celui-ci se glissa sous le canapé et pendant les quelques secondes que Mikaël mit à aller le chercher, Peter eut une vue plongeante sur son dos, sa chute de reins et ses fesses, ce qui le fit fortement rougir.

-Ca va Peter? T'es tout rouge? fit Mikaël en ressortant de dessous le canapé.
-Toi aussi, t'es tout rouge, répondit-il, ne trouvant aucune excuse, et le brun étant réellement rouge du sang qui lui était monté à la tête durant cette expédition à ras de terre.
-Ah ouais, c'est vrai, j'ai un peu chaud. Bon, t'as fait cinq. Alors pif, paf, pouf, ça te met là, et cette fois-ci, c'est "Il était une fois"! Alors, alors, alors, question pour un camembert: quel est le premier état américain à avoir légalisé le mariage homosexuel? Le Connecticut, l'Iowa, le Massachusetts ou le Vermont?

Pris dans le feu du jeu, ils firent abstraction du fait que cette question pourrait les concerner directement dans un avenir plus ou moins proche, et Peter mit toute son ardeur à essayer de trouver la bonne réponse.

-C'est le Vermont! Attends, non, non, je suis pas sûr. J'hésite maintenant. C'est quoi la question? Ils disent mariage ou union civile?
-Ils disent mariage.
-Ah merde! Pour l'union civile, je suis sûr que c'est le Vermont. Au moment où ça allait passer, je suis allé dîner chez mes parents, et on a eu une discussion plutôt houleuse sur le sujet. Au final, j'ai réussi à convaincre ma mère que c'était tout à fait légitime de la part des homosexuels de réclamer une telle loi, en vertu de l'égalité pour tous notamment. Mais mon père a fait sa tête de mule, comme toujours. Il refuse d'admettre qu'il a tort devant les autres, donc je suppose qu'après y avoir re-réfléchi, il a fini par se ranger du même côté que ma mère...
-Mmmh... marmonna Mikaël, un peu gêné par ces confidences familiales. Mais tout ça ne nous dit pas quel est le premier état à avoir légalisé le mariage homosexuel.
-Allez, je table sur le Vermont! s'exclama-t-il en rigolant.
-C'est votre dernier mot, Peter MacLean?
-Oui, c'est mon dernier mot, Mikaël Blowsworth.
-Eh bien eh bien, fit-il en imitant le roulement de tambour en tapotant sur le tapis, c'est.... perdu! Retente ta chance!
-Raaaah! C'était le Massachusetts?

Mikaël hocha la tête, goguenard de voir enfin l'inspecteur perdre, puis il se leva et se dirigea vers la cuisine.

-J'ai soif, je vais me prendre un verre de grenadine. Tu veux quelque chose?

Il n'entendit aucune réponse mais ne s'en inquiéta pas. Il lui redemanderait après avoir bu. Mais alors que, penché légèrement au-dessus de l'évier, il buvait à grandes gorgées l'eau légèrement aromatisée et sucrée, deux mains se glissèrent sous son T-shirt. La surprise fut telle qu'il avala de travers la dernière gorgée.

-Je te fais tant d'effet que ça? demanda malicieusement Peter une fois que la toux violente de Mikaël se fut calmée.

Le cavalier sourit au mur, puis se retourna pour faire face à son blond de petit ami. Comme toujours lorsqu'ils étaient seuls tous les deux, Mikaël se sentait décomplexé, totalement et entièrement lui, un nouveau lui qu'il ne connaissait pas encore mais qu'il se plaisait à découvrir chaque jour. Et ce soir-là, il avait envie de lui montrer son vrai lui, et de lui faire sentir qu'ils étaient seuls sur Terre. Qu'ils pouvaient dire merde à l'extérieur car le monde d'en dehors n'existait plus pendant quelques heures. Car il se doutait bien de la raison qui avait poussé Peter à le joindre si urgemment. Une raison bien trop féminine. Une raison qui le stressait de façon irraisonnée.

-Si tu me fais tant d'effet que ça? reprit-il en le regardant droit dans les yeux, son sourire ne quittant pas ses lèvres. Bien plus que ça, souffla-t-il tout contre sa bouche avant de l'embrasser.

Peter y répondit sans hésiter et posa ses deux mains sur le visage du cavalier, avant de les passer dans ses cheveux, pour les triturer délicieusement. Mikaël, quant à lui, avait posé ses mains dans le creux des reins de son homme, et ne faisait que mouvoir ses doigts de quelques millimètres, dans une caresse imperceptible. Puis, alors qu'ils avaient cessé le baiser quelques instants pour se sourire, Mikaël retira ses mains du dos de Peter pour monter sur le bord de l'évier. Maintenant assis en équilibre, les jambes dans le vide d'un côté, les fesses à une petite distance du métal mouillé de l'autre, Mikaël dominait enfin Peter de plusieurs centimètres. Ainsi, il n'aurait plus à se mettre sur la pointe des pieds pour l'embrasser. Ce serait beaucoup plus simple, et pour se confirmer à lui-même ses dires, il éprouva sa nouvelle position aussitôt. Au vu du baiser de plus en plus vorace qu'ils partagèrent, et du fait que Mikaël faillit se retrouver le cul trempé à cause des avances un peu trop poussives du plus âgé, monter s'asseoir sur l'évier n'était pas une si mauvaise idée que ça. La prochaine fois, il éviterait juste d'avoir le robinet enfoncé dans le dos.

Pendant le baiser, les mains de Mikaël s'étaient tranquillement re-positionnées derrière sa nuque, tandis que celles de Peter ne tenaient pas en place. Après avoir exploré la chevelure brune, elles s'attaquèrent au dos, en passant sur la nuque. Elles firent quelques incursions de repérage sur le torse, et enfin, elles descendirent jusque sur les fesses, qu'elles caressèrent un instant, goûtant avec délice leur forme et leur fermeté. Puis elles les empoignèrent et le baiser cessa brusquement.

Peter accrocha le regard de Mikaël, et dans ses yeux verts, quelques étincelles d'amusement y firent apparaître un reflet bleu.

-Mikaël, question "Divertissement": lorsqu'un homme vient de chauffer à fond son copain sur la paillasse de la cuisine, que se passe-t-il ensuite?
-Il se passe que cela se finit au lit, répondit-il avec le même amusement au fond de ses yeux marrons.
-Je crois que tu viens de gagner un camembert Mikaël.
-T'es sûr?
-Certain!

Mikaël rigola avant de l'embrasser dans le cou. Puis il le repoussa et lança un regard éloquent vers une porte entrouverte, qui laissait voir un lit double aux draps beiges. Il descendit de l'évier et rejoignit son homme, qui s'était avancé à reculons vers la chambre, ne voulant pas le quitter des yeux. Quelques mètres plus tard, ils se retrouvaient tous deux allongés sur le lit, côte à côte, main dans la main. Le silence haletant, tendu des plaisirs à venir, fut rompu par Peter, qui fit remarquer, la voix heureuse.

-Tu ne boîtes plus du tout, n'est-ce pas?
-Plus du tout du tout. Je suis même prêt à remonter n'importe quand! s'exclama-t-il en basculant sur le côté et en s'asseyant sur les hanches du blond, un sourire éclairant son visage.
-Je vois ça! rit-il, alors que Mikaël enlevait son T-shirt et l'envoyait balader à l'autre bout de la pièce.

Les deux amants s'endormirent bien plus tard, satisfaits et bienheureux.
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E
<br /> Oh, que c'est mignon!<br /> <br /> vivement a suite!<br /> <br /> (j'adore cette histoire!)<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Merci! =D<br /> <br /> Pour la suite, j'ai loupé un lundi. Mais bon, ce n'est pas très grave. Je posterai lundi prochain. ;-)<br /> <br /> Bisous<br /> <br /> <br />
M
<br /> hum. c'est quoi cette ellipse de merrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr*e ? c'est honteux ! je boude (réaction puérile, certes, mais je boude)<br /> <br /> et sinon "Peter préparaient les légumes"... rien ne te choque ?<br /> <br /> bon bisous même si je t'en veux pour l'ellipse<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Bah, c'est mon caractère qui veut ça! =D J'aime beaucoup les ellipses, et j'ai pas envie de faire un récit axé sur le sexe. Hors si je commence maintenant... la suite risque d'être un peu...<br /> répétitive... *ange*<br /> <br /> Bisous<br /> <br /> *va corriger sa faute horrible comme si de rien n'était*<br /> <br /> <br />
R
<br /> Pour couper court à cette histoire un peu trop joyeuse, on pourrait imaginer une chute de cheval au prochian concours mais je n'y crois pas! Je sais pas ce que tu prépare mais ca fait peur!<br /> Joli passage<br /> Par contre, désolée pour mon ignardise mais le massassuchets a vraiment légalisé le mariage?<br /> <br /> <br />
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S
<br /> D'après Wikipédia, oui, le Massachussets a bien légalisé le mariage homosexuel. Et là dessus je leur fais relativement confiance: y'a assez de gens contre et de gens pour pour être assez sûrs<br /> qu'ils corrigeront la moindre erreur. :-p<br /> <br /> Et tu as raison, je vais couper court *peut-être* à cette joyeuseté, mais tu manques un peu d'imagination ma chère! XD Tu le sais: je suis tordue. Et je crois que tu vas comprendre à quel point au<br /> cours des suites suivantes! *niark*<br /> <br /> Brefouille, merci! C'est toujours un plaisir de lire tes critiques. ;-D<br /> <br /> <br />
L
<br /> YAAAAAAAAAA trop bien =D J'adore ^^ hate de lire la suite ^^ C'est une superbe histoire, elle me plait énormement, merci pour tout =D<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Merci à toi! =D<br /> <br /> <br />